(Matambú Magazine -Agro)- Le blé, aujourd’hui réputé surtout importé en Afrique, est cette catégorie de céréales qui a fait son entrée dans les habitudes alimentaires des Africains il y a plusieurs années. Au demeurant, la céréale transformée ainsi sous diverses formes, est devenue une denrée dont la majorité des Enfants de la Terre-Mère ne se passent plus, au détriment même des autres céréales qui ont forgé leurs cultures alimentaires identitaires.
On se demande donc de quoi se nourrissaient les peuples d’Afrique autrefois, avant la réintroduction du blé dans leur assiette au quotidien, ces peuples-là même que la fameuse céréale et ses divers dérivés ont fragilisés, sur le plan alimentaire.
L’Histoire nous apprend que l’alimentation des habitants du continent africain était assez diversifiée et indépendante. Point n’est besoin de rappeler qu’à la base, ils cultivaient et se nourrissaient des céréales comme le maïs, le mil, le sorgho, le fonio, entre autres denrées alimentaires. Le teff, est l’autre catégorie de céréale chère à la nation éthiopienne en matière d’alimentation, depuis des millénaires. D’ailleurs, la très appréciée et traditionnelle injera en est une galette dérivée.
Pour des raisons d’ordre économique liées aux besoins grandissants des populations en croissance, le blé a fini par gagner en priorité et s’imposer dans les habitudes alimentaires des consommateurs africains de nombreuses générations. Denrée rare, par quoi et comment remplacer la fameuse céréale, pour nourrir désormais les populations de la Terre-Mère ?
La réponse fait appel ici à l’intervention et la collaboration des acteurs de toutes les filières agricoles, d’élevage et de pêche. Tous, par des actions fortes, concrètes et objectives à la fois, doivent œuvrer à produire et à transformer leurs produits alimentaires de manière à répondre aux besoins essentiels des consommateurs. Ce faisant, il sera question de créer et mettre en place toute une chaine de valeurs autour de la production locale, de la ferme à l’assiette.
Les consommateurs à leur tour, au-delà du slogan scandant le consommer local, doivent soutenir sans conteste, cet effort des producteurs/ transformateurs, par un patriotisme alimentaire conjugué à tous les temps de leurs repas.
Nombre de pays s’emboitent déjà le pas dans cet élan de volonté de faire bouger les lignes et les rangs. Selon un média de la place, l’Éthiopie par exemple, qui approvisionnait déjà le continent en blé, s‘est engagé récemment à augmenter sa production de la céréale, afin de répondre à la demande croissante locale de la denrée. Le pays entend porter sa production à 1.6 million de tonnes au courant de la campagne 2022/23 contre 700 000 à l’exercice précédent ; le but étant de réduire par le fait même, la facture des importations annuelles dépassant souvent les 400 millions de $$. D’autres pays s’investissent en équipements en transformation agro-industrielle.
Les richesses matérielles, la production agricole en Afrique connaissent et stimulent une ruée des autres nations vers le continent qu’on lui remarque ces dernières années, avec des grands noms du secteur à l’instar de Aliko Dangoté, de Baba Danpullo, et d’autres encore, en montée.
Le secteur de la transformation des denrées, quant à lui, reste encore vastement à exploiter, mais des initiatives à multiplier et à encourager se prennent déjà avec d’un côté, des fabrications de pains à base de farines locales elles-mêmes faites de manioc ou de patates douces.
Des pâtissiers locaux comme Ganta Guy Marcel du Cameroun, Amadou Guèye du Sénégal, Dominique Diouf, Lê-Ci Bambara, rivalisent déjà d’ingéniosité et de créativité à concocter des recettes pâtissières originales à saveurs locales et à base d’ingrédients locaux (moringa, néré, fonio, manioc, bissap, …) cultivés sur leurs terres natales respectives. C’est dire qu’il y a bien un marché existant où la demande ne se fait pas attendre chez le consommateur avisé.
Que pensez-vous de cette autre pâtisserie fraiche à base de manioc ?